Tech et développement durable en France : où en sommes-nous ?

Le 30 Juin dernier s’est tenue à Londres la conférence “Tech for Net Zero”, organisée par notre organisation sœur Global Tech Advocates afin de mettre en lumière la tech qui vise à un impact carbone nul d’ici à 2030. 

Nous avons eu l’occasion d’y donner un aperçu des avancées de la tech française en la matière, et nous nous sommes donc intéressés au défi que représente le développement durable pour le secteur de la tech.

Zoom sur Lhyfe, l’exception qui confirme la règle

Chez Tech France Ambassadeurs, nous défendons une tech utile et durable, capable de répondre aux grands défis de notre siècle. Nous avons donc souhaité partager l’histoire d’une entreprise prometteuse : Lhyfe.

Cette start-up illustre tout le potentiel de la France à sa positionner comme un champion dans l’utilisation de l’hydrogène comme la prochaine source d’énergie durable.

Lhyfe industrialise la production d’hydrogène à partir d’énergies renouvelables afin de fournir l’industrie ou des stations-services en carburants à base d’hydrogène. La construction de sa première usine est en cours en Vendée et 40 autres devraient suivre d’ici 2023.

Le fondateur de Lhyfe, Matthieu Guesné, est issu du CEA, institution scientifique de rang mondial. En fait, la plupart des innovations les plus prometteuse sen termes de développement durable sont issues des sphères académiques ou scientifiques. Et malheureusement, Lhyfe semble être davantage en la matière, l’exception d’une spin off réussie qui confirme la règle.

La France a encore du chemin à faire…

Un premier défi pour la France réside ainsi dans le besoin de réduire le temps et la complexité des transferts de technologies depuis le monde scientifique ou académique vers les entreprises et le marché. Au moment où vous lisez cet article, des innovations technologiques qui pourraient changer la donne climatique prennent gentiment la poussière sur l’étagère d’un centre de recherche !

Et puis il y a le nerf de la guerre… l’argent.

Certes, Lhyfe a levé plus de 10 millions d’euros jusqu’ici. Ce chiffre sonne bien aux oreilles de ceux qui jugent uniquement la tech française sur le palmarès de ses levées, mais cela n’est malheureusement pas suffisant. Surtout si on compare cette somme avc les fonds levés à l’étranger ou même en France avec les 300 et 400 millions d’euros levées respectivement par Miraki ou Vodoo, qui ne se soucient guère de leur impact carbone, ou qui en tout cas ne contribueront pas à le réduire.

Pour donner réellement les moyens à Lhyfe et à d’autres de leurs ambitions environnementales, peut-être que les investisseurs devraient davantage prendre conscience de leur responsabilité quant à la question du « Zéro Carbone ». Oui, les startups françaises ont levé 5,4 milliards d’euros l’année dernière en dépit de la crise sanitaire. Mais si l’on regarde plus attentivement l’index du Next 40, on se rend compte que seules 5 entreprises qui y sont listées proposent vraiment une alternative pour la planète… Il reste du chemin à faire.

Il y a tout de même de l’espoir ! En témoignent les fonds d’investissement tels que 2050 à l’initiative de Marie Ekeland ou Founders Fuure, fondé par Marc Ménasé. Ils sont, nous l’espérons, de beaux exemples amenés à être de plus en plus suivis.

Nous en sommes convaincus : la France ne manque pas de talent, ni de créativité, ni la capacité industrielle. Nous manquons d’argent, et notamment d’argent dépensé au bon endroit, et nous manquons d’une volonté forte d’aller plus loin que de vagues engagements. Il est bien beau de parler d’environnement lorsqu’on parle de tech. Il est maintenant temps d’en faire une priorité pour ce secteur qui a déjà démontré sa capacité à changer nos vies. 

Tour d’horizon de la tech durable en France

  • Près de 700 start-ups et scale-ups qui emploient près de 18 000 personnes.
  • Ces entreprises sont jeunes : 61% d’entre elles ont moins de 5 ans.
  • Elles ont levé plus de 4,4 milliards d’euros depuis leur création.
  • Les plus grosses levées de fonds (plus de 100 millions d’euros) sont celles de Blablacar, Ynsect, Vestiaire Collective, Innovafeed, Ecovadis et Actility

Les principaux secteurs de la tech durable sont l’énergie (13% des entreprises, comme EkWateur, Hello Watt et Nawa Technologies), puis l’agri tech (Ynsect, la Ruche qui dit Oui ou Agrico), suivi de la mobilité avec BlaBla Car et ses 90 millions d’utilisateurs dans 22 pays et qui a permis l’économie de près d’1,6 million de tonnes de CO2 depuis sa création.

Enfin, l’économie circulaire avec des têtes d’affiche comme Back Market, Vestiaire collective et Phenix.